Invité par le collectif Bassines non merci!, j’étais le dimanche 4 mars à Mauzé-sur-le-mignon à la marche des Pigouilles.
Le projet en cours consiste en la réalisation du creusement de 19 bassines destinées au stockage de 9 Millions de m3 d’eau pour l’irrigation agricole. Il est prévu de pomper de l’eau en hiver dans la nappe phréatique afin de la stocker dans des réserves – abusivement – appelées de substitution. Ces réserves vont servir à augmenter la capacité d’irrigation estivale de quelques agriculteurs producteurs de maïs, de semences et de légumes industriels.
Ne nous trompons pas, il ne s’agit en aucun cas d’un projet de substitution des pompages estivaux dans les rivières par une irrigation en provenance des bassines. Les pompages estivaux continueront pour 7,3 Millions de m3 d’eau contre 10,5 Millions de m3 d’eau en moyenne ces 10 dernières années. Les bassines existantes et en projets ajouteront à ce prélèvement quasiment 11 Millions de m3. Les prélèvements annuels vont donc passer de 12,5 actuellement à 18 Millions de m3 ! Même l’Agence Régionale de Santé ne s’y est pas trompée et dénonce cette augmentation des prélèvements !
Ce modèle agricole est dépassé. Nous savons tous pourtant qu’il est temps d’économiser l’eau au regard du changement climatique qui nous prévoit des étés de plus en plus chaud.
Nous savons que ces derniers hivers n’ont pas été assez pluvieux et qu’il est difficile pour les nappes phréatiques de se remplir comme il le faudrait pour notre consommation d’eau.
Il n’est pas sain, dans un territoire déjà en déficit, de mettre en place en hiver, les conditions qui accentuerons la pénurie en été.
Il n’est pas bon de mettre en concurrence les différents besoins d’accès à l’eau, que ce soit pour la boire ou que ce soit pour cultiver. Et que dire de l’accaparement par un petit nombre d’agriculteurs de plus de la moitié du prélèvement annuel d’eau destiné au secteur agricole ?! Ce n’est pas cette vision du monde que nous défendons à la France insoumise.
Nous ne sommes pas des utopistes, nous sommes rationnels. Je ne prétends pas qu’il faille arrêter toute irrigation. L’irrigation est bien entendu nécessaire pour la production agricole. Mais de quelle production agricole parlons-nous ? Est-ce bien raisonnable de produire du maïs ultra-irrigué, alors qu’à deux pas des Deux-Sèvres, dans le département de la Dordogne, les camarades d’agroBio Périgord sélectionnent des semences paysannes nécessitant une irrigation très mesurée ? Voire pas d’irrigation du tout.
Nous n’avons pas besoin d’une agriculture intensive gourmande en eau et en intrant chimique. Ce dont nous avons besoin c’est du développement d’une agriculture biologique de proximité et à taille humaine pour répondre à la demande grandissante.
Le vieux modèle productiviste de celui des bassines est celui d’un autre temps.
Ce projet de bassines est bien le symbole de la mise en concurrence des territoires. Les pompages pour remplir en hiver les bassines des Deux-Sèvres, de la Charente et de la Vienne, vont impacter la nappe phréatique commune partagée par tous ces départements. Cette nappe est celle qui alimente le marais poitevin.
La bonne santé de ce lieu de biodiversité, deuxième zone humide de France, dépend de la hauteur de la nappe. Le sur-captage de l’eau lié aux pompages hivernaux pour remplir les bassines va-t-il signer l’arrêt de mort de ce joyau de cohabitation entre une zone humide et des zones agricoles qu’est le marais poitevin ?