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Changement climatique et crise sanitaire : la nécessité de développer une agriculture diversifiée et paysanne pour faire face !

Par Loïc Prud'homme 01 mars 2021
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J’ai visité samedi 27 février dernier la ferme Labadie, à La Lande-de-Fronsac. Cette visite s’est faite dans le cadre du Salon à la ferme, qui se déroule du 27 février au 7 mars et qui est organisé par la Confédération paysanne. Ce salon de l’agriculture délocalisé et innovant a permis des discussions et des débats autour de la "déprise" viticole, question majeure au regard des années de méventes du vin de Bordeaux, j'y reviendrai juste après.

Cette rencontre a été l’occasion de discuter avec de nombreux invités, élus locaux, anciens et futurs agriculteurs, syndicalistes, etc. : ces échanges et témoignages riches ont permis de faire le point sur la situation dramatique que connaissent aujourd’hui celles et ceux qui nous nourrissent. A l’heure où Bordeaux n’a qu’une autonomie alimentaire de 1 à 3 jours, et alors même que nous nous inscrivons dans une baisse tendancielle des rendements agricoles, notamment du fait des aléas climatiques et de la dégradation des sols, il convient de repenser et refonder profondément notre politique de production alimentaire et ici viticole.

Ainsi, la monoculture intensive ne peut plus être considérée comme une solution viable : si l’on veut aujourd’hui développer une agriculture davantage locale et diversifiée, il est nécessaire d’entamer une transformation du système agricole. Car, à pratiquer la monoculture à outrance, on risque gros, notamment d’un point de vue économique. Ainsi, sur les 115 000 hectares de vignes en Gironde, la production d’entre 20 et 30 000 d’entre eux ne parvient plus à trouver preneur (si on ramène les volumes invendus à une surface permettant de les produire). En conséquence, des centaines d’hectares se transforment peu à peu en friches, l’entretien de ces vignes ne devenant plus rentable. Cette situation problématique mettant à mal de nombreux paysans possède pourtant une solution : la diversification de la production. C’est cette diversification qui a été notamment mise en place dans la ferme Labadie où je me trouvais samedi, preuve concrète qu’un tel changement de modèle est réalisable mais surtout réaliste et souhaitable. Cette bifurcation du modèle agricole, je la défends depuis plusieurs années, comme en témoigne mon travail effectué en 2018 lors de l’examen du projet de loi sur l’agriculture et l’alimentation.

Or, ce nouveau modèle en train d’émerger en France se retrouve en partie freiné par les institutions agricoles et les politiques nationales ou européennes telle la PAC (Politique Agricole Commune), qui continuent de privilégier les grandes surfaces d’exploitation, au détriment de cultures et d’élevages plus petits et plus diversifiés.

Par exemple, le projet d’implantation d’un élevage comptant près de 24 000 poules à Mérignac soulève de nombreuses interrogations sur le bien-être animal (du fait de la concentration très élevée d’un tel élevage), mais aussi sur le risque sanitaire créé. Si aujourd’hui ce projet est interrompu du fait des difficultés économiques et sanitaires que nous connaissons, avec notamment les ravages causés par la grippe aviaire dans notre région, ce genre d’élevage concentrant autant d’animaux est condamné à moyen terme, viralement et bactériologiquement parlant. Pourtant, les subventions versées aux agriculteurs continuent de favoriser ce système.

Autre problème important, la difficile reprise des exploitations : d’ici 10 ans, 60 % des 450 000 paysans français auront atteint l’âge de la retraite. Il est donc crucial pour notre souveraineté alimentaire de contribuer activement à renouveler toute cette classe d’âge aujourd’hui sur le départ. Pour cela, il est nécessaire que le foncier devienne réellement accessible pour toutes celles et ceux souhaitant aujourd’hui prendre le relais : les accompagner et les soutenir par le biais de nos institutions dédiées à ces questions ne peut que nous être bénéfique.

Enfin, on ne peut pas aborder le thème de l’agriculture sans mentionner la misère paysanne, flagrante dans notre pays, où un tiers des agriculteurs gagne moins de 350 euros par mois. C’est dans l’optique d’améliorer leurs conditions de vie que j’avais défendu dès 2018 un amendement visant à sanctionner les distributeurs qui appauvrissent les agriculteurs en imposant des prix en-dessous du coût de production : un revenu digne et à la hauteur de leur travail, c’est bien la moindre des choses que l’on peut offrir envers celles et ceux qui nous nourrissent. Malheureusement, ce n’était pas du goût de la majorité qui a préféré passer outre et proposer une coquille vide au service des lobbies et des industriels.

Loïc Prud'homme est député France Insoumise de la Gironde pour les communes de Bègles, Bordeaux Sud, Talence et Villenave-d'Ornon. Résolument engagé en faveur de la règle verte et de la transition écologique de notre société il siège à l'Assemblée nationale au sein de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Retrouvez sur ce site internet son travail dans l'hémicycle et en circonscription en faveur des services publics, de l'emploi local, de la justice sociale et de la transition écologique.

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