Assemblée nationale

L'Anses, le glyphosate et les embrouilles : épisode 3

Par Loïc Prud'homme 22 janvier 2021
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Si vous suivez mon activité, vous savez que je suis de très près ce qui concerne le glyphosate et qu'obtenir son interdiction est pour moi un objectif impératif. Cet été, en toute discrétion, il y a eu du nouveau au sujet de l'évaluation de sa cancérogénicité, j'ai donc à nouveau interpellé le gouvernement à ce sujet.

Petit rappel:

Fin 2017 Macron promettait la sortie sous 3 ans de la France du glyphosate, mais c'était du flan. Nous sommes en 2021, et ça pulvérise toujours à qui mieux mieux dans le monde agricole non bio.

Le glyphosate est autorisé à la vente dans l'union Européenne jusque fin 2022, et la France fait partie des pays chargés de la réévaluation du glyphosate pour le compte de l'EFSA.

A ce titre, le gouvernement a demandé en mars 2018 à l'Anses, qui est l'agence qui se consacre à assurer la sécurité sanitaire des aliments pour les humains et les animaux en France, de tirer au clair la controverse sur la cancérogénicité du glyphosate, car il y a controverse sur le sujet. Pour cela les ministres de l'environnement, de la santé et de l'agriculture demandaient à l'Anses d'établir un cahier des charges pour des études scientifiques pouvant répondre à la question de la cancérogénicité du glyphosate, et de lancer un appel d'offre à partir de ce cahier des charges.

Sauf que les embrouilles ont commencé et j'ai dénoncé dans l'hémicycle ce scandale :

L'Anses avait choisi 5 scientifiques pour rédiger le cahier des charges, qui s'est avéré si restrictif que seul un seul consortium de laboratoires a pu y répondre, dirigé par la même personne qui avait rédigé le cahier des charges (et avait participé à son approbation, l'Anses ne semblant pas s'encombrer de questions déontologiques sur ce dossier)... !

L'Anses a cédé sous la pression

Les ficelles étaient trop grosses et face à la pression mise par quelques parlementaires et par la presse, l'Anses est revenu sur son choix et le consortium s'est retiré.

Sauf que les manœuvres ont repris. Le CIRC qui est le centre de recherche de cancer de l'OMS, qui avait par le passé prouvé la cancérogénicité du glyphosate et qui avait récupéré une toute petite partie de l'appel d'offre de l'Anses s'est retirée. La cause: les études devaient porter sur des échantillons fournis par les vendeurs de glyphosate et selon un protocole que les vendeurs de glyphosate auraient connu (ce qui leur aurait permis "d'adapter" les échantillons?). De plus le type d'étude demandé était identique à celles que le CIRC a déjà faites il y a quelques années, en 2015.. Dans ces conditions, le CIRC ne souhaite pas refaire les mêmes études, d'autant que depuis 2015 d'autres publications scientifiques ont confirmé ces résultats...

La faillite de l'Anses sur ce dossier

Alors qui va faire les études sur la cancérogénicité du glyphosate maintenant? Pour l'instant personne, alors que l'échéance de fin 2022 se rapproche... Je propose donc au ministre de la santé de demander à l'Inca (Institut national sur le Cancer) de reprendre le dossier, puisque l'Anses n'a pas l'air de le gérer convenablement.

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crédit photo : Greenpeace

Loïc Prud'homme est député France Insoumise de la Gironde pour les communes de Bègles, Bordeaux Sud, Talence et Villenave-d'Ornon. Résolument engagé en faveur de la règle verte et de la transition écologique de notre société il siège à l'Assemblée nationale au sein de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Retrouvez sur ce site internet son travail dans l'hémicycle et en circonscription en faveur des services publics, de l'emploi local, de la justice sociale et de la transition écologique.

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